"Les Grands-Meix" - Cornimont :

 

La société en nom propre GME (Grands-Meix Electricité) a été créée par Monsieur Laurent REMY en 1988, dans le but de remettre en fonctionnement une microcentrale de 110 kW à Cornimont (Vosges), au lieu-dit les Grands-Meix (d'où le nom de la société).

 

Cette centrale avait été construite en 1846-1848 pour fournir la force motrice nécessaire à la mise en œuvre des métiers à tisser du tissage des Grands-Meix, appartenant à l'époque à Jean-François Victor PERRIN, dont les descendants exploitent aujourd'hui encore une entreprise textile à Thiéfosse et Darnieules (les Fils de Victor PERRIN). A cette époque, la roue d'eau était en bois, de même que la conduite forcée (fabriquée comme une succession de tonneaux raccordés les uns aux autres.

Dans les années 1940, la conduite de bois devenant obsolète, elle est remplacée par une conduite en fonte de 1 mètre de diamètre, laquelle est alors enterrée.
Suite à la destruction partielle du tissage pendant la guerre 1939-1945, la roue en bois est remplacée par une turbine moderne, de type Francis, à bâche spirale en fonte (construite par la Société Hydromécanique de Toulouse). Cf. photo supra.

 

Fonctionnant sans interruption jusqu'en 1983, la centrale est arrêtée à la date de cessation d'activité de l'usine. En 1987, la commune de Cornimont se rend acquéreur du site industriel qu'elle désire transformer en salle de polyactivité. En 1988, estimant que la réhabilitation du site hydroélectrique n'est pas souhaitable, il est finalement décidé de le vendre aux enchères.

Entre temps, le bâtiment qui abritait la turbine est détruit, le matériel est démonté et entreposé dans un hangar à proximité du site. Il ne reste plus à cette époque que le matériel (démonté), le canal d'amenée (ensablé et dégradé) et la conduite forcée souterraine en fonte.

 

Le matériel démonté. On aperçoit à gauche la bâche spirale de la turbine mise en place après la guerre

 

Le 2 juillet 1988, lors de la vente aux enchères, Laurent REMY acquiert le site en l'état, avec "autorisation de prélever l'eau nécessaire au fonctionnement dans la rivière" (en fait ce droit d'eau, "disparu" des archives départementales et municipales obligera à un long procès contre l'administration qui sera porté jusqu'au Conseil d'Etat). Reste alors à refaire un bâtiment pour abriter les machines, creuser un nouveau canal de fuite, refaire le canal d'amenée… Ce travail de titan est entamé au cours de l'automne 1988 par le désablage du canal, en grande partie à la main.

 

Sortie du tunnel couvrant une
partie du canal d'amenée, vers la
conduite forcée

 

 

Sortie du tunnel, l'eau emprunte un passage creusé dans la roche (vue d'aval vers l'amont)

 

Ensuite viennent les travaux de construction du bâtiment de la centrale : l'entreprise de travaux publics Molinari (de Cornimont) procède aux travaux de creusement des fondations. Puis c'est Laurent REMY qui monte seul les coffrages, met en place le ferraillage, etc…

En février-mai 1989, le bâtiment sort de terre et, en fin septembre 1989, il ne reste plus qu'à réaliser les premiers essais de fonctionnement. Lors d'un des premiers arrêts de l'installation, les tuyaux de fonte situés à proximité de la centrale explosent : un geyser creuse un énorme trou dans le sol.

 

 

Après réparation, les turbines (la grosse d'origine et une seconde plus petite) feront leurs véritables premiers tours de roue en novembre 1989, ressuscitant un site qui avait risqué de disparaître à jamais et qui, depuis, produit 350 000 kWh par an.